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1- Les Dockers (par Jérôme)
Embarqués à
Alexandrie, nos scooters arrivent une semaine plus tard à Marseille.
Contraints par une opération que doit subir la Maman de Sophie,
c'est pressés et sans préparation que nous débarquons
à Marseille un vendredi matin. Notre objectif : récupérer
les scoots avant le week-end.
" Vous êtes optimistes
" nous annonce le transitaire, qui délivre les autorisations
d'enlèvement !
" Pour la douane, pas de problème, mais avec les dockers…
il aurait mieux valu prévenir deux jours avant ! " "
De plus, avec le plan Vigipirate, certaines portes du port sont
fermées " nous lance t-il l'air peu convaincu.
Nous filons donc à la douane et sommes surpris de pouvoir sortir
15 minutes plus tard, avec nos documents signés et tamponnés.
La douane la plus rapide du monde ai-je envie de crier, surtout
après mon expérience égyptienne !
Le temps de prendre un bus
jusqu'à une des portes " ouvertes ", c'est à pied
et chargés de sacs à dos, que nous pénétrons
dans le port, sans avoir été ni fouillé ni contrôlé
! Vigipirate c'est quoi ???
Toujours à pied, nous parcourons sous un soleil de plomb, les deux
km jusqu'à l'entrepôt.
La porte fermée nous rappelle que les dockers aussi, ont le droit
de manger. Sur le quai, nous attendons donc, essayant de chercher parmi
les conteneurs, celui qui abrite nos scooters.
13h30, une " armoire à glace " ouvre les bureaux. Alors
que je lui présente mes documents, il me demande : " vous
avez le bon de dépotage ? " (Mise à dispo du conteneur).
Je réponds par la négative et lui explique le pourquoi de
notre précipitation et surtout pourquoi nous devons récupérer
les scooters et remonter à Paris avant lundi. " Sans bon,
je ne peux rien faire. Appelez le chef ! " Je saisis le papier
sur lequel il a griffonné le numéro de son supérieur.
Ce dernier ne répond pas ! J'appelle différentes personnes,
frappe à différentes portes, mais rien. Dans ces moments
là, le temps semble toujours passer trop vite. Surtout qu'aujourd'hui
vendredi, les dockers terminent à 16h30 !
Alors que j'explique mon cas à une énième personne,
j'entends Sophie m'appeler ! " Descends, ils vont chercher le
conteneur !?! "
Le cœur battant, je dévale les escaliers et me retrouve dans le
bureau de mon premier interlocuteur. " Le chef a appelé, on
va vous le chercher votre conteneur ". Puis se saisissant de son
talkie-walkie, il appelle le grutier : " Lionel, tu laisses tomber
ce que tu fais et tu vas chercher le conteneur XXX en priorité
! ". Je suis stupéfait et n'en crois pas mes oreilles. Quel
retournement de situation ? Qui ? Pourquoi ?…
J'en suis encore dans mes réflexions, lorsque le Lionel en question,
débarque : " quoi ?, qu'est-ce que c'est que cette histoire
? on me dit de décharger les camions, maintenant un conteneur à
chercher et puis quoi encore ? On me prend pour une girouette ? … "
Son chef, visiblement habitué à ses sautes d'humeur tente
de le calmer et lui dit que c'est pour le client, ici présent.
" le client, je m'en bats les c……. " lui rétorque
Lionel avec son accent chantant du sud (je dis accent chantant pour ajouter
un peu de poésie à ce langage…) " y-en a marre, je
suis débordé de boulot, on est surexploité… et puis
tiens, je prends une cigarette et je vais me la fumer tranquille "
dit-il en s'asseyant devant nous, une cigarette à la main.
Bien qu'amusé par ce spectacle insolite, je m'abstiens de tout
commentaire pour éviter d'envenimer la situation. Après
tout, ce que je veux ce sont les scoots ! Mais au fond de moi, devant
une telle attitude, je pense que si les armateurs vont maintenant en Corée
du sud, en Chine… réparer leurs bateaux, ce n'est peut être
pas que pour une question d'économie !
Enfin, après 5 interminables minutes, Lionel se lève et
comme si de rien n'était demande " Bon, il est où son
conteneur ? " C'est ainsi que nous récupérons les
scoots !
Au moment de payer le dépotage, le chef me présente une
facture de 150 euros ! Je trouve la somme exagérée et le
lui dis. " C'est 150 avec facture ou 100 euros sans facture
" me répond-il alors ! No Comment !
Quitter le port n'a plus été qu'une formalité, qui
n'en a pas été une d'ailleurs. Bien qu'avec deux scooters
chargés de sacoches, nous passons les grilles du port sans aucun
contrôle. Vigipirate, vous dites ??!
Cinq heures après être descendus du TGV, nous nous retrouvons
en route pour la capitale. Précipitation et économie faisant
rarement bon ménage, cet exploit ne nous aura pas été,
comme on dit sur la canebière, " peu cher " !!!
2 - La boucle est bouclée
(par Jérôme)
Marseille - Paris, 4 jours
à sillonner notre pays par les routes départementales, sous
un soleil radieux. Plaisir de remonter les gorges de l'Ardèche,
de traverser ces villages si propres, organisés et fleuris, de
planter la tente au milieu de champs de colza. Que la France est belle
! Mais qu'elle est vide ! Dans les champs, dans les villages, …
personne ! Quel contraste avec ces pays où la vie grouille, où
hommes, femmes et enfants vivent dehors avec souvent le sourire aux lèvres
!
La modernisation, la mécanisation ont libéré l'Homme
des taches avilissantes. Mais si cette liberté est mise à
profit devant un tube cathodique, peut-on parler de progrès ?!?
Samedi 15 juin 2004,
une boule dans le ventre, nous roulons vers Suresnes. Perdus dans nos
pensées, nous le sommes également avec nos scoots et nous
avons du mal à trouver la Mairie… Enfin, le parvis de l'hôtel
de ville ! Vous êtes plus de 50, familles et amis à
nous accueillir, à nous témoigner votre soutien et vos encouragements.
Un grand merci à tous !
Après 70 000Km, 980 jours, 20 pays traversés, pour nous
ce samedi 15 mai, la Boucle est bouclée !
Maintenant place à d'autres projets…
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