Carnet de Route : "A l'éScoot du Monde"
<< Syrie
Accueil
Egypte >>
Janv. 2004
A l'éScoot d'Israel et de la Palestine

Intro
Historique
Jésus
O Jerusalem!
Ministère de l'education
Bétise humaine
Pensées vagabondes
Culture G
Les chiffres

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les photos !!


1 - Intro (par Jérôme)

" Vous pouvez aller en Israël et dans les territoires occupés sans que vos passeports soient tamponnés. J'en reviens! " Franz, un allemand rencontré à Damas, n'a pas eu a nous en dire plus. Notre décision a vite été prise : " On y va! ".
Bien que sous le feu des projecteurs, nous ne connaissons rien de cette région ou plutôt nous avons du mal à comprendre ce qui s'y passe. Suivant les pays, les informations que nous avons sont soit pro-israéliennes, soit pro-palestiniennes. De chaque côté, articles, arguments, témoignages, photos viennent soutenir l'un ou l'autre camp. Alors où est la vérité? N'y en a t'il qu'une?

Bref nous voulons aller voir, rencontrer, discuter afin de nous faire notre propre opinion. Trop souvent nous avons constaté que la réalité médiatique est réductrice.!

Nous avons découvert la complexité du conflit, les passions chaque jour alimentées par une propagande unilatérale, deux peuples qui se côtoient mais s'évitent, les réalités des check-points, du mur de sécurité,..., mais aussi les bus et les maisons d'Israéliens aux vitres blindées,...
Une situation qui nous semble loin d'être résolue car trop passionnelle!

Mais Israël et les Territoires Palestiniens, c'est aussi la Terre Sainte, Jérusalem, le berceau des 3 religions monothéistes, le lieu de vie et de crucifixion de Jésus. C'est aussi la religion juive, que nous connaissons très mal mais que nous avons eu l'opportunité de côtoyer.
Bref, une expérience très riche que nous vous proposons de découvrir.

2- Historique (par Jérôme)

Sans le vouloir exhaustif, ce rappel historique nous semble nécessaire pour avoir quelques clefs afin de mieux comprendre pourquoi les Juifs parlent d'un " retour ", comment s'est créé l'état d'Israël, quels ont été les conflits israélo-arabes et surtout leurs conséquences. Enfin quels sont les points " officiels " qui bloquent les négociations de paix.

- 1020 av. JC : Royaume de Saül (1er roi des Hébreux) à qui succède David qui fait de Jérusalem sa capitale. Vient ensuite le règne de Salomon qui fait édifier le 1er temple. A sa mort Israël est scindé en deux: Israël au nord, Juda au sud.

- 722 - 540 av. JC : Israël est conquis par les Assyriens et de nombreux Juifs sont déportés à Babylone. Nabuchodonosor (roi de Babylone) prend Jérusalem et fait détruire le temple. Nouvelle déportation et fin du royaume de Juda. Les périodes suivantes voient le retour des Hébreux à Jérusalem, la construction du second temple et l'instauration de Jérusalem comme colonie grecque puis romaine.
C'est sur cette première partie que les Juifs justifient leur présence en Israël comme un retour sur leur terre.

- 1895 : Le capitaine Dreyfus est publiquement dégradé sous les cris de " mort au Juif " , " mort au traître ". " Si dans le pays des droits de l'Homme, la question juive se pose en termes aussi violents....partout les Juifs resteront d'éternels étrangers ". C'est ce constat qui pousse Theodor Herzl (auteur de " L'Etat juif " en 1896) à organiser le premier congrès sioniste à Bâle (1897) où fut votée la création d'un état juif.
En novembre de la même année, la déclaration Balfour (Ministre de l'Empire britannique) se prononce favorable à la création d'un foyer national juif en Palestine.
Les différents congrès sionistes votent la création d'institutions financières, du Fond National Juif (pour l'acquisition de nouvelles terres),...
Progressivement des Juifs arrivent en Palestine (Alya) et acquièrent des terres, ce qui crée des révoltes chez les populations arabes.
Sous mandat britannique depuis 1922, La Palestine devient terre de conflit entre des Juifs qui commencent à rêver d'un Etat et qui s'organisent en conséquence, des Palestiniens qui se révoltent contre ces envahisseurs, et des Britanniques pris entre les deux feux.

- En 1947 : L'Angleterre confie la question palestinienne à L'ONU qui vote le partage de la Palestine en deux. (55% des terres pour les Juifs, 45 % pour les Palestiniens). Les Palestiniens et les pays arabes refusent et dénoncent ce partage.

- Mai 1948 : D. Ben Gourion proclame la création de l'état d'Israël. En juillet de la même année débute la première guerre israélo - arabe.
Campagne israélienne pour favoriser la venue de Juifs avec le slogan " l'an prochain à Jérusalem " ou encore la " loi du retour " qui attribue la nationalité israélienne à tout immigrant juif. De 1948 à 1951, la population israélienne double.

- 1956 : Suite à la nationalisation du canal de Suez par Nasser, les Israéliens, les Anglais et les Français entrent en guerre contre l'Egypte.

- 1964 : création d'organisation (OLP, FPLP,...) ayant pour objectif la libération de la Palestine " par tous les moyens ". Comme l'énonce la charte de l'OLP : " la lutte armée est la seule voie pour la libération de la Palestine "…

- 1967 : Guerre des six jours. L'Egypte, la Syrie, la Jordanie et l'Irak attaquent Israël. En 6 jours, l'attaque est repoussée et Israël occupe le Sinaï, la Cisjordanie (dont Jérusalem) et le Golan.

- 1970 : L'OLP est chassée de force par le roi Hussein de Jordanie (septembre noir) et s'installe au Liban.

- 1973 : Guerre du Kippour. L'Egypte et la Syrie attaquent respectivement le Sinaï et dans le Golan. Malgré une victoire, Israël perd confiance dans sa supériorité militaire.

- 1979 : signature du traité de paix entre l'Egypte et Israël initié à Camp David. L'Egypte reconnaît l'état hébreux et Israël se retire du Sinaï (1982).

- 1982 : Israël envahit le Liban pour mettre fin aux attaques lancées par les Palestiniens.

- 1987 : début de la première Intifada dans les territoires occupés.

- 1993 : Rencontre entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin. Déclaration de principe sur l'autonomie palestinienne.

- 1994 : Traité de paix israélo-jordanien.

* 1995 : Accords de paix israélo-palestiniens (accords de Taba) étendus aux principales villes de Cisjordanie. L'OLP abroge de sa charte, les articles hostiles à Israël. Création de 3 zones dans les territoires occupés :
Zone A : 3% Cisjordanie + Gaza : évacuation de l'armée israélienne. Contrôle de l'autorité palestinienne.
Zone B : 27% de la Cisjordanie : pouvoir civil palestinien, sécurité par Israël.
Zone C : 70% de la Cisjordanie : sous contrôle israélien.
Mais l'assassinat de Yitzhak Rabin en Novembre et l'élection de B. Netanhyahou remettent en cause le processus de paix.

- 1998 : après une période incertaine, les contacts israélo-palestiniens reprennent.

- 2000: la visite de A. Sharon sur l'esplanade des mosquées déclenche la deuxième Intifada qui se poursuit encore aujourd'hui.

Points principaux de la Résolution 242 de l'ONU (27/11/1967) à laquelle il est souvent fait référence lors des négociations :

  • Retrait des forces armées d'Israël des territoires occupés (Cisjordanie / Gaza/ Golan)
  • Cessation de tout état de belligérance. Respect et reconnaissance des états politiques.
  • Règlement du problème des réfugiés.

Les points " officiels " en suspend.

  • Jérusalem Est : les palestiniens veulent en faire leur capitale. Israël veut en garder le contrôle.
  • L'avenir des colonies juives dans les territoires occupés
  • Israël revendique le Jourdain comme frontière de sécurité.
  • Droit au retour des Palestiniens émigrés en 1948 et 1967.
  • Annexion du Golan par Israël.

En 1939, 2% de la population mondiale juive se trouve en Palestine. Actuellement elle représente plus de 1/3 de cette population mondiale.

1948 - 1969 : 60 000 Juifs par an (Yémen, Irak, Maghreb, Europe, Amériques,..)
1970 - 1989 : 12 000 à 25 000 Juifs/an
1990 -1991 : 200 000 Juifs/an (Russie,...)
1991 - 2000 : 70 000 Juifs/an

Sources : Guide Bleu Evasion (Hachette), D. Perrin - "Palestine, 1 terre, 2 peuples" (Septentrion), A. Gresh - "Israël, Palestine : vérités sur un conflit" (Fayard), Paroles d'Hommes "Désaccords de paix" (Albin Michel).


3 - Sur les pas de Jésus (par Sophie)

En l'an IV avant notre ère, naquit Jésus, dans le petit village de Bethléem en Judée à quelques km de Jérusalem.
Sous le règne du Roi Hérode, roi allié à l'Empire romain, l'ordre règne par la terreur, Marie , Joseph et leur fils Jésus, fuient en Egypte. Ils reviennent à Jérusalem pour faire circoncire ce petit enfant juif et le présenter au Temple ; puis ils vont s'établir en Galilée à Nazareth à 150 km au nord de Jérusalem. Jésus, comme son père Joseph, sera charpentier jusqu'à l'âge de 30 ans.

Aujourd'hui Bethléem fait partie de la Palestine sous autorité palestinienne et la majorité des habitants y sont musulmans. Pour y aller, nous empruntons 2 bus et 1 taxi, relayant ainsi chacun des check-points de l'armée israélienne.
Nazareth se trouve en Galilée, province d'Israël. C'est une petite bourgade tranquille qui abrite 40% de chrétiens et 60 % de musulmans ainsi qu'une communauté juive qui s'est installée dans le nouveau Nazareth.

De 30 à 33 ans Jésus prêche la " Bonne Nouvelle " et l'amour de Dieu sur les rives du lac de Tibériade (également nommé lac de Galilée). Il s'entoure d'amis, dits ses disciples, qui sont pour la plupart des pêcheurs sur le lac. Jésus habite le village de Capharnaüm et y prêche dans la synagogue. C'est dans cette région qu'il accomplit ses premiers " miracles " comme la multiplication des 5 pains et des 2 poissons qui nourriront des milliers de personnes à Tabgha.

Sur l'une des collines qui bordent ce lac de 21 km de long, Jésus réunit ses disciples et proclame " les béatitudes " : "Heureux les pauvres en esprit car le Royaume des Cieux est à eux…" (Matthieu 5,3), énonçant ainsi les huit vertus dans un sermon sur la montagne : pauvres, doux, affligés, affamés, miséricordieux, purs de cœurs, artisans de paix, persécutés.
L'église construite sur ce Mont des Béatitudes est formée de huit côtés pour rappeler ces 8 enseignements et jouit d'une vue exceptionnelle sur le lac.
L'église actuelle de Tabgha a été bâtie sur les fondations d'une ancienne église byzantine
(V ème siècle) dont on a retrouvé de superbes mosaïques représentant les poissons et les pains. Quant à Capharnaüm, y subsiste les fondations de la maison de Pierre, le 1er disciple de Jésus, et de belles ruines de la synagogue.

Jésus arrive à Jérusalem pour célébrer "la Pâques". Cette fête juive commémore la sortie d'Egypte du peuple Hébreux au 13ème siècle av. JC et le retour sur la terre promise, la région actuelle de l'état d'Israël. Jésus est à ce moment-là arrêté comme fauteur de troubles par les Romains, et présenté devant le grand prêtre Caïphe, comme le voulait la coutume lorsque l'accusé était Juif. Ne pouvant prononcer la peine capitale, le tribunal juif le renvoie devant le procurateur Ponce Pilate qui le condamne à la flagellation puis à la crucifixion. Il porte sa croix jusqu'au sommet du mont Golgotha où il meurt sur la croix un vendredi.
A Jérusalem, tous les vendredis, les frères franciscains se souviennent du calvaire de Jésus en refaisant le même parcours. Ce n'est pas historiquement le même chemin mais il est matérialisé dans une " Via Dolorosa " qui serpente à travers la vieille ville de Jérusalem pour aboutir au Saint Sépulcre, basilique qui comprend le lieu de la crucifixion et le tombeau de Jésus, nommé par les chrétiens, le Christ.

Les chrétiens croient que Jésus est le " messie " envoyé par Dieu, alors que les Juifs attendent toujours le messie. Les chrétiens reconnaissent Dieu en Jésus car pour eux 48h après sa mort, " il ressuscite, sort de son tombeau et parle de nouveau à ses disciples " (c'est ce que fêtent les chrétiens à Pâques). Puis il monte au ciel, jour de l'Ascension.
Une chapelle, en haut du Mont des Oliviers, aujourd'hui devenue Mosquée, rappelle cet événement.
De la grotte de la Nativité à Bethléem, en passant par l'Eglise Saint Joseph à Nazareth, le Saint Sépulcre à Jérusalem, et enfin le tombeau de Marie au Mont des oliviers, nous rencontrons des milliers de pèlerins du monde entier; pèlerins croyants et fervents, comme ces Nigériens en transe pendant leur prière, ou ces hordes de touristes curieux, en shorts et débardeurs dans les églises…cette terre sainte attire !
C'est un lieu de vie et de rencontres où j'ai cherché dans les églises des espaces de recueillement mais en fait j'y ai souvent trouvé des endroits touristiques et bruyants.
C'est finalement en dehors de ces lieux saints, dans les monastères, les écoles, les communautés que nous rencontrons des hommes de foi, des historiens, des passionnés et c'est grâce à ces rencontres que l'on comprend mieux l'exceptionnelle richesse spirituelle qu'abrite Jérusalem ! Ô Jérusalem !

4 - Ô Jérusalem ! (par Sophie)

Considérée comme le nombril du monde par une grande partie de l'humanité, Jérusalem, est avant tout une ville sainte pour les trois grandes religions monothéistes. Première ville sainte pour les Juifs et les chrétiens et troisième ville sainte de l'Islam.
Déclarée Capitale de l'état israélien en 1980, elle n'est pas reconnue comme telle par l'ONU et est revendiquée par l'Autorité Palestinienne pour être la capitale de la future Palestine.

Nous avons passé deux semaines dans cette ville, ce qui a suscité en nous, d'une part l'émerveillement par sa beauté et sa grandeur, d'autre part l'effroi par ses contradictions fortes et ses marques de conflits. Une ville qui suscite la division et qui doit apprendre à se partager !
Jérusalem, c'est vraiment la plus belle vieille ville que nous n'ayons jamais visitée. Nous ne nous sommes jamais lassés de l'admirer depuis le Mont des Oliviers d'où la vue sur l'esplanade des mosquées et le Dôme du Rocher, doré et bleu, est incomparable. Cette vieille ville, capitale des Hébreux depuis sa conquête par le roi David en l'an 1000 av. JC fut habitée par les Grecs, les Romains, les Croisés, les Ottomans qui tous détruirent, reconstruirent, et ajoutèrent leurs " touches " à cette cité.

Aujourd'hui, toujours encerclée par de très beaux remparts du 16ème siècle édifiés par Soliman le Magnifique, elle se divise en quatre quartiers.
- Le quartier chrétien, qui abrite notamment le Saint Sépulcre, basilique fondée au IV ème siècle par Sainte Hélène, mère de l'Empereur romain Constantin.
- Le quartier arménien, l'une des plus anciennes communautés chrétiennes de la ville.
- Le quartier musulman, très animé par ses souks et sa population arabe en keffieh pour les hommes et en robes longues brodées avec le foulard blanc pour les femmes. C'est le quartier vivant de la vieille ville qui a gardé tout son charme oriental. La porte de Damas, principale porte d'entrée de ce quartier, est néanmoins surveillée par des brigades de " Tsahal " qui effectuent fréquemment des contrôles d'identité.
- Enfin, le quartier juif qui domine le mur des lamentations devant lequel les Juifs viennent se recueillir ou prier. C'est le dernier vestige du Temple construit par le Roi Salomon et détruit par Nabuchodonosor en 587 av. JC.
Des milliers de Juifs du monde entier, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre, s'y pressent chaque jour et on y entend parler toutes les langues. C'est également là que l'on a pu assister à une magnifique " Bar-Mitsva ", l'entrée de jeunes enfants de 12/13 ans dans la communauté juive.
Ce quartier, détruit en grande partie par les bombardements de 1948, a été refait dans le style ancien de la vieille ville, mais se trouve aujourd'hui être le plus propre et le mieux entretenu. L'intérieur des maisons est décoré à l'occidental. Des grilles permettent d'isoler totalement ce quartier du reste de la ville et des caméras de surveillance, installées à chaque coin de rue, scrutent les allées-venues dans toute la vieille ville pour assurer la sécurité de ses habitants.
Ce sont essentiellement des Juifs orthodoxes qui y vivent, habillés tout de noir, coiffés d'un chapeau à large bord couvrant leurs tempes d'où se dégagent deux " petites anglaises " formées par des cheveux qu'ils ne coupent jamais.

Enfin, le joyau de cette vieille ville, se trouve sur l'esplanade des mosquées, construit sur les ruines de l'ancien temple hébreux, en 691 après JC : il s'agit du Dôme du Rocher, magnifique monument commémoratif qui protège un rocher laissé à nu, lieu où Abraham aurait voulu sacrifier son fils, Isaac (Ismaël pour les musulmans). De style byzantin, il est recouvert de mosaïques bleues et son dôme est recouvert de cuivre doré à l'or 24 carats !
Mais Jérusalem, c'est aussi la nouvelle ville, Jérusalem-Est la palestinienne et Jérusalem- Ouest l'israélienne. Dans ces deux parties vivent deux mondes.
L'une, Jérusalem-Est, se situe en Orient. C'est la partie de la ville qui avant 1967, était rattachée au royaume de Jordanie, sa population y est essentiellement musulmane. On y retrouve l'atmosphère arabe des petites épiceries et des souks, les immeubles neufs éternellement en construction, et la saleté, comme si les poubelles n'étaient que rarement ramassées… y aurait-il deux manières de gérer et d'entretenir une même ville ?
A quelques kilomètres du centre, aux limites de cette ville, juste derrière le Mont des Oliviers, se trouve aussi la " barrière de sécurité ", ce mur de béton haut de 8 mètres est construit par Israël pour séparer la Cisjordanie du reste du territoire, à des fins sécuritaires.
Des deux côtés du mur se trouvent des familles palestiniennes qui voient ainsi leurs déplacements entravés.
L'autre partie, Jérusalem-Ouest, se situe en Occident, avec ses building modernes, ses rues piétonnes, ses avenues bien entretenues, décorées et bien signalisées avec notamment des passages piétons sonores pour " malvoyants ", mais aussi avec la courtoisie des automobilistes laissant la priorité aux piétons. C'est bien sûr, le quartier où siège la KNESSET, le Parlement Israélien, où se trouvent les grandes entreprises, les grands magasins, les Mc Donalds…

Deux univers sont ainsi réunis autour du Dôme du Rocher. Deux univers quasiment étanches. En effet, ils sont peu nombreux les Juifs israéliens à oser s'aventurer dans les quartiers musulmans, tellement la peur des agressions leur serre le ventre. De même, ils sont rares les Palestiniens musulmans à aller dans la ville ouest, peur d'être mal perçus, peur d'y être arrêtés par la police, peur de ne pas avoir le droit d'y aller…
Des deux côtés, la peur; liée aux attentats suicides fréquents, paralysent cette population. Chacun restant ainsi sur ses positions sans essayer de comprendre l'autre.
Une même ville, un même Dieu et pourtant un éternel conflit…

5 - Ministère de l'Education de l'Autorité Palestinienne (par Jérôme)

" Avez-vous une autorisation du Ministère de l'éducation ? ". C'est par ces mots un peu secs que la directrice d'une école palestinienne publique de Ramallah nous accueille. Comme nous réalisons depuis le début des démarches spontanées auprès des écoles, nous répondons par la négative. " Pas d'autorisation, pas de visite ! ", ainsi conclue t-elle notre bref entretien sans même chercher à savoir ce que nous voulons !
Bien que déçus nous décidons de profiter de l'occasion pour découvrir ce Ministère dont nous ignorions l'existence. Et l'expérience a été très intéressante.
Nous arrivons devant un bâtiment refait à neuf. Pelouses et parterres impeccables, intérieur d'une propreté immaculée, ordinateur dans chaque bureau spacieux et bien rangé, armoires modernes avec portes vitrées laissant apparaître des dossiers parfaitement organisés, …
Tout cela dénote avec l'organisation " palestinienne " des administrations, des boutiques et des rues vues à Bethléem, à Hébron et à Ramallah !

Nous sommes introduits chez le secrétaire du Ministre, très courtois, qui nous écoute pendant près d'une heure lui expliquer notre projet et le pourquoi de notre démarche. Une heure pendant laquelle il prendra minutieusement notes de tout : " Donc votre présentation de la France commence par : 1) l'histoire, 2) la géographie, 3)… " ; nous posant des questions sur les villes dans lesquelles nous comptons aller, le type d'école (garçons ou filles), le nom des écoles,… Bref, nous répondons tant bien que mal et nous mettons à espérer. Au terme de cette heure, son cahier bien rempli, arrive sa supérieure hiérarchique. Après un échange en arabe, notre interlocuteur se tourne vers nous : " Très bien, donc ! pouvez-vous mettre par écrit les motifs de votre projet, le contenu de votre présentation, les écoles dans lesquelles vous comptez aller,… et envoyer cette lettre au Ministre ?! "
Décontenancés, nous jouons le jeu et lui demandons l'adresse à laquelle poster cette lettre. Il aura beau retourner toutes les feuilles de son bureau, il ne pourra nous donner l'adresse du Ministère dans lequel il travaille ! " Vous n'avez qu'à la faxer " nous dit-il triomphant, le numéro à la main.
" Très bien " continuons-nous, et quand aurons-nous la réponse ? " Si le Ministre n'y voit pas d'inconvénients, vous aurez une lettre d'ici 3 à 4 jours! ". Inutile de préciser que nous avons laissé tomber !
Nous apprenons au cours de notre séjour que l'Autorité Palestinienne est essentiellement financée par l'Europe et que les Ministères fonctionnent à grand renfort de conseillers venus d'Europe ! Chose que nous croyons volontiers devant l'organisation des bâtiments, leur informatisation et les méthodes des fonctionnaires. Une seule chose semble néanmoins manquer : l'efficacité !

Quelle ironie d'ailleurs de voir l'Europe (et l'ONU?) soutenir à grand renfort d'argent, cette Autorité Palestinienne tout en laissant le Gouvernement Israélien ne pas respecter les accords signés !
Bien qu'ayant eu la chance de rencontrer des enfants palestiniens dans une école privée de Jérusalem, nous ne pourrons visiter aucune école publique palestinienne, faute d'autorisation du ministère d'un Etat qui n'existe pas !


6 - Bêtise humaine (par Jérôme)

Que ce soit pour le Gouvernement Israélien dont la politique dans ce domaine est peu claire, ou pour l'Autorité Palestinienne dont beaucoup de membres sont corrompus et qui n'a d'autorité que le nom, les exemples ci-dessous sont autant d'arguments pour justifier le non aboutissement des négociations de paix.
Impossible de se déplacer en Cisjordanie sans être confronté aux check-points (points de contrôle de Tsahal : l'armée israélienne). Omniprésents sur les routes et à l'entrée des villes, ces points de passage sont des zones très sensibles où les Palestiniens sont en confrontation directe avec l'armée israélienne. Une armée composée de soldats et "soldates" jeunes, trop jeunes, qui mitraillettes à la main et lunettes de soleil sur le nez vous regardent souvent de haut, de trop haut!
Points de passages mais aussi blocages pour ces Palestiniens qui veulent aller travailler ou faire leurs courses.
Ils deviennent aussi points de passages tragiques pour ces Palestiniennes qui ont du y accoucher avec parfois des conséquences dramatiques!
En Cisjordanie ce ne sont pas uniquement les check-points, c'est aussi Hébron où nous verrons au-dessus des rues de la vieille ville, ces filets chargés de déchets que les extrémistes juifs jettent du haut de leur fenêtre.
C'est encore ce médecin palestinien rencontré et qui nous parlera de " ces ennemis qui ont tué mon fils " !
C'est encore cette Palestinienne enceinte, mère de 10 enfants et qui est décédée sous les décombres de sa maison, détruite lors d'une opération de l'armée israélienne contre la maison voisine d'un kamikaze.
C'est encore ce " mur de sécurité ", dont le tracé étouffe certaines villes palestinienne et qui n'est sécuritaire qu'aux yeux du gouvernement israélien.

Vu sous cet angle que penser des Juifs et des Israéliens ?
Hommes sans cœur, assassins, meurtriers, tueurs… les qualificatifs ne manquent pas !

Mais si maintenant on tourne la caméra à 180 degrés, on découvre une autre réalité.

C'est ce check-point où des explosifs étaient cachés dans une ambulance transportant une femme enceinte. C'est encore, pendant notre séjour, cette femme qui a prétendu à un malaise pour se faire "exploser" avec 4 militaires dans les bâtiments d'un check-point de Gaza.
C'est encore pendant notre séjour, ce kamikaze palestinien qui a tué 10 personnes dans un bus israélien.
C'est encore, ces bus israéliens que nous prendrons et dont les vitres sont blindées par sécurité. C'est encore, chez Isaac, Myriam et leurs 5 enfants, cette porte-fenêtre qu'ils ont du blinder suite à des tirs dont deux impacts sont encore visibles sur la maison.
C'est encore dans le quartier d'Isaac où un voisin a été tué froidement devant ses enfants par un Palestinien.
C'est encore, c'est encore …

Et sous cet angle là que penser des Palestiniens ?
Hommes sans cœur, assassins, meurtriers, tueurs… les qualificatifs ne manquent pas ! et sont les mêmes !

Alors à qui la faute ? Celui qui a commencé le premier? Celui qui a fait le plus de victimes ?
D'un côté un gouvernement israélien dont la politique en matière de paix est plus qu'ambiguë et qui malgré des promesses de retrait ou d'ouverture ne respecte pas les résolutions votées par l'ONU.
De l'autre, une Autorité Palestinienne dont la corruption est de notoriété publique, et qui n'a d'autorité que le nom.
Il nous semble que la seule chose que ces politiciens aient en commun soient des discours prometteurs mais aucune volonté d'aboutir à la Paix, du moins pas avec des concessions!

Ce que nous retenons ce sont, de chaque côté, ces hommes, ces femmes, ces enfants engagés dans une spirale de haine, qui les entraîne chaque jour un peu plus loin de la paix.

Si dans notre tour du monde, nous avons souvent pu apprécier la Grandeur de l'Homme, nous avons également en Cisjordanie pu en découvrir toute sa Bêtise !

7 - Pensées vagabondes (par Jérôme)

Chirac perd la cote !
Si la position de la France pendant la guerre en Irak a été bien vue au Moyen-Orient, il n'en va pas de même pour la " loi sur le voile " !
De la Syrie à l'Egypte, ce sujet d'actualité est très suivi . Mais comme nous nous en rendrons compte, ici l'information est quelque peu déformée. " les filles ne peuvent plus porter le voile " (sous entendu, partout!) ; " la France ne respecte pas la liberté de porter le voile… "
C'est donc tant bien que mal que nous essayons d'expliquer cette loi en rappelant qu'elle se limite à l'école publique, d'expliquer la laïcité et surtout de faire comprendre que l'objectif est d'éviter tout signe de différenciation entre les élèves. Pas évident, surtout face à une obstination " religieuse ". Il est toutefois un argument qui déstabilise nos interlocuteurs : en Turquie, état laïc mais dont 95% de la population est musulmane, le voile est interdit dans les écoles publiques…


8- Un brin de Culture G

Judaïsme : On désigne par judaïsme, la forme prise par la religion israélite après la destruction du temple à Jérusalem (587 av JC) et l'Exil ( 587-538 av JC). La tradition religieuse juive se réclame d'Abraham, père des croyants et de Moïse, sur le Mont Sinaï, législateur d'Israël. On estime le nombre de juifs dans le monde à 14 millions.

Christianisme : Issu du Judaïsme, le christianisme est l'ensemble des religions fondées sur la personne et l'enseignement de Jésus Christ. Jésus, fils de Dieu ou Dieu lui même, venu sur la terre pour sauver les hommes du pêcher originel. On estime le nombre de chrétiens dans le monde à 1,9 milliard.

Islam : Fondée au VII ème siècle en Arabie par Mahomet, cette religion est basée sur le Coran, révélé par Dieu à Mahomet. Le dogme fondamental de l'islam est un strict monothéisme. On estime le nombre de musulmans dans le monde à 1,1 milliard.

La Torah : Nom donné, dans le judaïsme, aux cinq premiers livres de la Bible qui contiennent l'essentiel de la Loi mosaïque. Dans le langage courant, ce terme désigne l'ensemble de la Loi juive.

Intifada : en arabe " soulèvement " et qui désigne communément " la guerre des pierres " des palestiniens contre les Israéliens.


9 - Israël et Territoires Palestiniens en chiffres

Nombre de jours : 20
Nombre de Km en bus : 500
Taux de change : 1 NIS = 0.2 euro
1 heure d'Internet = 10 NIS
1 litre d'essence = 4 NIS
1 bouteille d'eau = 2 NIS