Carnet de Route : "A l'éScoot du Monde"
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Oct. 2003
" à l'éScoot de la Turquie"

Intro
3 semaines en famille
Pont entre Asie et Europe
Le Kurdistan
Interview Cumali
Galère suite et fin
La Cappadoce
Ramadan
Anecdotes
Ramadan
Si j'avais su
Papilles
Anecdotes turques
Culture G
Les chiffres

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Edito
Comme le célèbre philosophe turc Nashreddin Hodja, vous pourriez chevaucher vos montures à l'envers. Vous verriez ainsi tous vos parents, amis anciens et amis récents, vous suivre à travers votre périple.
Ensuite, en avant vers de nouvelles découvertes du monde et des contacts sociaux qui seront votre armure de nouveaux chevaliers de la paix !
Papy et Mamy

 

1 - Intro (par Sophie)

Nous avons passé 3 mois en Turquie, à découvrir ce pays de 70 millions d'habitants, grand comme une fois et demi la France.
D'Est en Ouest, la Turquie nous a surpris par son développement économique, nous a emballés par la beauté de ses paysages et nous a conquis par l'accueil chaleureux de ses habitants.
C'est pour nous la terre des retrouvailles familiales et c'est aussi la découverte du voyage en camping-car ! Puis, bloqués par l'immobilisation d'un scooter en panne, nous voyageons 10 jours en bus. Tout d'abord jusqu'à Ankara pour faire établir nos visas syriens. Ensuite Istanbul où je tenais tant à découvrir la fameuse " Sainte-Sophie ", basilique chrétienne du V ème siècle, transformée d'abord en mosquée puis en musée... Topkapi, la Mosquée Bleue, le Bosphore entre Europe et Asie... un lieu de rêve, enfin atteint...
Nous profitons de ces quelques jours dans cette grande métropole pour faire des analyses médicales suivies d'un traitement visant à nous débarrasser définitivement des derniers parasites "indiens" qui logeaient dans nos intestins...
3 mois en Turquie et un drôle de sentiment, celui d'être revenus aux portes de l'Europe après 2 ans de pérégrinations... comme si la boucle était bouclée... Mais non, ce n'est qu'une fausse impression et c'est plein d'enthousiasme que nous partons en Syrie découvrir le Proche-Orient.

Nous vous souhaitons à tous de bonnes fêtes et une excellente
Année 2004

2 - Trois semaines en Famille (par Jérôme)

Pourriez-vous imaginer ne pas être présent pour les 60 ans de votre Papa ? Moi, difficilement! Et quelle meilleure occasion que cet anniversaire pour se retrouver en famille ! En effet, Fabien (mon frère), Valérie, Léa et Yanis, partis depuis 4 mois en camping-car sont en Turquie. Ils se chargent de convaincre les parents à les rejoindre et nous fixent rendez-vous dans l'Est de la Turquie.
C'est ainsi que nous arrivons au camping de Dogubayazit et découvrons les deux camping-cars. Emotions intenses! Nous n'avons pas revu les Parents depuis le Laos, Fabien depuis le Pérou, Valérie et Léa depuis notre départ quant à Yanis (1 an)... chacun devinera!
Champagne, cassoulet "comme à la maison",... on sent dès le premier repas que notre quotidien va changer!
En effet, suite à nos déboires mécaniques, nous laissons les scoots à Van et voyageons pendant ces 3 semaines en camping-car. Avouons-le, quel plaisir de rouler en T-shirt alors que dehors il fait froid, d'écouter de la musique, de prendre une douche chaude quelque soit la température extérieure, de toujours bien dormir même quand le sol est recouvert de pierres,...bref tous ces petits côtés agréables d'une "maison mobile", nous ont séduits.
Séduits nous l'avons également été par Léa et Yanis. Mimiques, réflexions comiques, chansons, câlins,...On a craqué! J'ai bien évidemment dû assumer mon rôle d'oncle : parties de foot avec Léa, chercher du bois pour le feu, faire le cheval, courir derrière Yanis,... sans pour autant me substituer aux parents lors des caprices ou des couches à changer...chacun son rôle!
Dogubayazit, Ishak Pacha, Nemrut Dag, la Cappadoce,... plus de 1000Km de découvertes et de rencontres partagées ensemble.
Et c'est au milieu des cheminées de fées que notre jeune sexagénaire a soufflé ses bougies. Nous sommes heureux d'avoir pu lui offrir le plus beau cadeau : être tous réunis pour cette occasion! "Happy birthday Dad!".
Lorsque chacun a repris sa route il n'est pas difficile de comprendre que la séparation a été dure. Et c'est sans honte que j'avoue avoir eu les larmes au yeux en repensant à cette petite trogne d'amour me demandant : " Ye'ome, on joue au ballon? ".

3 - Un pont entre l'Asie et l'Europe (par Sophie)

Dès notre entrée en Turquie, pourtant à l'extrême Est du pays, nous avons l'impression d'être revenus en Europe après 2 années de voyage.
Entre Asie et Europe, ce pays est à l'interface de deux cultures et de deux histoires. Entre modernité occidentale et traditions orientales, ce pays est et souhaite surtout être le lien entre 2 continents.
Les palais des sultans avec leurs harems et hammams, les caravansérails des routes de la soie, les mosquées et leurs minarets côtoient les ruines antiques gréco-romaines, les châteaux-forts des Croisés et les églises des premiers chrétiens.
Les souks organisés par corps de métier où tailleurs, vendeurs d'étoffes, d'épices, de fruits semblent sortir d'un autre âge sont aussi présents dans les villes que les hypermarchés. Ces derniers sont aussi bien organisés et achalandés que nos " intermarchés ", de même pour les boutiques modernes aux vitrines alléchantes...
les femmes voilées, essentiellement par tradition paysanne côtoient à 50/50 les femmes sans voile habillées à l'européenne, tailleurs et talons-hauts, Jeans moulant et T-shirts ajustés... et toutes ont le portable à la main...
Un pays ou les imams se présentent aux élections pour participer à la direction d'un état laïc ! Etat laïc, sans aucun doute, mais où dans tous les lycées publics, est enseigné un cours de religion : de religion musulmane il va de soi !
Des charrettes tirées par des ânes ou des chevaux circulent sur un excellent réseau routier côtoyant de très nombreuses berlines Renault, Volkswagen ou Mercedes... roulant pour beaucoup d'ailleurs au gaz vu le prix exorbitant du pétrole (1,2 euro/litre)
Des toilettes, bien " qu'à la turque " comme dans le reste de l'Asie, ressemblent par la propreté et souvent la décoration, à nos commodités européennes.
Une capitale moderne, Ankara, située en Asie sur les hauts plateaux d'Anatolie centrale qui rivalise avec Istanbul, l'ancienne Byzance ou encore Constantinople, capitale historique mais située, elle, majoritairement sur le continent européen !

Un pays qui nous est apparu comme bien développé, bien organisé, auto-suffisant au niveau alimentaire, d'un niveau scolaire correct . Nous comprenons aujourd'hui pourquoi tant de Turcs s'étonnent du fait que la Turquie n'ait toujours pas intégré la CEE...
Comme nous l'a dit, Cumali, un jeune kurde de 13 ans : "Si j'étais Président je ferai en sorte que la Turquie soit un pont entre l'Europe et l'Asie"

4 - Le Sud-Est de la Turquie ou le Kurdistan (par Sophie)

L'extrême Est de la Turquie, et plus particulièrement la partie Sud-Est, est connue sous le nom de Kurdistan... Nous y sommes restés près d'un mois et nous l'avons aimé...
A l'Est, le Mont Ararat sépare la Turquie de l'Arménie; au Sud la Turquie est frontalière avec l'Iran, l'Iraq et la Syrie.
Des terres, qui sont déjà celles des steppes d'Asie Centrale, rudes et pauvres. Des montagnes dénudées, arides en été et enneigées en hiver. Des plaines qui sont rendues cultivables à force d'irrigation... mais surtout des paysages magnifiques et inoubliables comme le lac de Van, le cratère du Nemrut Dag, le fameux Mont Ararat qui culmine à 5137 m d'alt., et enfin la plaine mésopotamienne, avec ses champs de coton et d'oliviers à perte de vue.
Une histoire aussi : les églises géorgiennes et arméniennes du Xème siècle, les monastères datant des tout premiers chrétiens où la messe est encore prononcée en Araméen, la langue du Christ ; les caravansérails et les lieux de pèlerinage comme Sanli Urfa, la ville de naissance d'Abraham où juifs, chrétiens et musulmans viennent prier leur patriarche...
Sur ces terres vivent Turcs, Arabes et Kurdes.
Ces derniers forment la plus grande minorité de Turquie, environ 10 millions de personnes. Longtemps opprimés, leur langue était interdite, leurs chanteurs également. Ils se sont révoltés et une minorité d'entre eux a revendiqué l'autonomie du Kurdistan et a mené des actions terroristes pendant une quinzaine d'années. Depuis l'arrestation en 1998 du chef du PKK (parti des travailleurs kurdes) les attentats ont cessé et peu à peu un climat de confiance renaît, même si les postes de contrôles militaires sont très fréquents dans la région.
Grâce aux pressions européennes, en 2002, les Kurdes ont acquis une reconnaissance de leur identité culturelle, peuvent parler leur langue et des cours privés peuvent enfin l'enseigner, des artistes kurdes se produisent et des chaînes de TV en kurde sont diffusées.
Bien sûr, des hommes nous ont souvent dit avec fierté "je ne suis pas Turc, je suis Kurde, d'ailleurs nous avons une langue et des vêtements différents..."
Au lycée de Sanli-Urfa, tous les élèves nous ont affirmé être Turcs mais à la question "certains d'entre vous sont-ils Kurdes ?" les 3/4 de la classe ont levé la main !
Finalement c'est un peu comme en France, on est Breton ou Corse avant d'être Français...
L'intégration se fait donc petit à petit. Les enfants apprennent de leur mère le kurde puis vers l'âge de 7 ans apprennent le turc en allant à l'école. Les femmes portent de longues robes de velours noir, brodées de couleurs, avec un long voile mauve ou caramel; les hommes portent un pantalon de flanelle grise de type sarouel.

L'accueil de ce peuple, rude et pauvre, a cependant été très chaleureux. Je garde le souvenir des verres de thé pris avec eux sur le trottoir, assis sur de petits tabourets en bois; ou encore ces hommes nous offrant des " pides " pour partager avec nous la fin du jeûne tant attendu en période de Ramadan.
Nous sommes heureux d'avoir pu découvrir en toute tranquillité l'Est de la Turquie et la minorité kurde. Les temps changent et la terreur d'hier fait aujourd'hui place à la paix. Tant mieux pour nous mais surtout tant mieux pour eux !

5 - Interview de Cumali

" Je m'appelle Cumali et j'ai 13 ans. Je vis à Sanli Urfa au Sud-Est de la Turquie à quelques km de la frontière Syrienne. Je suis Kurde comme la majorité des gens dans cette région.
Je vais à l'école à pied chaque matin, j'apprends l'anglais et le turc. Ma matière préférée : les mathématiques. Je suis d'un naturel heureux et je ris tout le temps !
Tous les après-midi je suis guide volontaire dans le parc de Sanli-Urfa. J'ai été recruté par la Police Touristique afin de guider les pèlerins et les touristes qui viennent ici voir le lieu de naissance d'Abraham. Nous sommes une dizaine de volontaires de 11 à 16 ans. Ce que j'aime dans ce travail c'est de parler anglais avec les policiers et aussi de le pratiquer avec les étrangers de passage. De plus les touristes me donnent quelques pièces pour mes services et cela me permet de ramener de l'argent à la maison.
En effet nous sommes 10 frères et soeurs et mes parents ne travaillent pas...
Mon plat préféré c'est le " chijkofte ", du couscous à la sauce tomate avec de la viande crue... en ce moment vu que c'est Ramadan j'en mange dès que le soleil se couche. Je fais Ramadan depuis l'âge de 11 ans et j'en suis très fier !
Je joue au football tous les soirs avec mes amis et de temps en temps nous allons au cinéma: le dernier film que j'ai vu : Harry Potter.
A la maison nous dormons tous dans la même pièce et nous n'avons ni télévision ni machine à laver.
Quand je serai grand je voudrais être guide touristique et rester vivre à Sanli-Urfa ; j'aimerais me marier vers 22 ans et avoir 2 enfants ".

Si J'étais Président .
1- Je ferais en sorte que la Turquie intègre la CEE
2- J'aiderais les pauvres en leur donnant de l'argent, des maisons et de la nourriture
3- J'augmenterais la valeur de notre monnaie


Question subsidiaire : Pour toi quelle différence y a t-il entre un Kurde et un Turc?
"Il n'y en a pas. Les Kurdes et les Turcs sont frères. Ils ont juste une langue et des vêtements différents".

6 - Galère, suite et fin... (Par Jérôme)

Entreposé à Van dans l'Est de la Turquie, le scoot de Sophie est démonté et les pièces endommagées commandées à Piaggio France. 3 semaines plus tard, (merci la poste turque) nous recevons le colis et là stupeur ! 2 pièces principales manquent!
Après vérification et échange téléphonique avec Piaggio (merci Laurence et José), nous apprenons que les 2 pièces en question, ne sont livrées que montées sur le carter. Sitôt ce " lièvre " levé et la commande passée, un problème se pose à nous! Comment faire venir ce carter, pièce volumineuse de 7 Kg ? ! ?
Par la Poste c'est 3 semaines minimum. Via DHL c'est 4 jours. Super! Sauf que pour le porte-monnaie c'est le coup de massue!
Nous hésitons entre attendre, au risque de subir le climat rude de cette région (Van se situe à 1700m d'Alt.), ou casser notre tirelire!
Et c'est là que notre bonne étoile nous fait un clin d'œil. Nous recevons un mail de Karine et Sébastien, 2 amis : "Nous venons en Cappadoce pour nos vacances". Mail auquel nous répondons illico : "Et pourquoi ne viendriez vous pas avec un carter dans vos valises?". C'est ainsi que nous avons le plaisir de les retrouver (non sans mal, il est vrai) à Ortahisar en Cappadoce. Plaisir visiblement partagé par ces jeunes mariés heureux de vider leurs bagages de notre encombrante pièce (encore une bise à tous les deux!).
Je laisse Sophie en Cappadoce et retourne à Van en bus. Là, avec l'aide d'Housta nous remontons le scoot. Quel plaisir d'entendre celui-ci vibrer après 2 mois de silence!
Fin de la galère pensez-vous? Presque, si on ne prend pas en considération le manteau blanc qui a recouvert les montagnes autour de Van, le col fermé pour cause de neige, le ferry coincé par un lac déchaîné sur lequel j'attends 12h et ce froid qui de Van à la Cappadoce me gèle le corps pendant 1000Km!
Nous y voilà donc à cette fin? Pas encore! En effet, le nouveau carter est vierge de numéro de moteur. Dans les garages, quand je leur demande de graver le numéro, c'est " yok "!" (non!). Pas de gravure sans autorisation du " Polis Traffic Kontrol ". L'un des garagiste, prenant mon dico, me montrera même du doigt le mot " taklit " (contrefaçon). Il ne manque plus que cela! Bien sûr avec une pièce venue sans facture et sans papier de douane, je me voyais mal expliquer la situation au poste de police. En turc qui plus est!
Un ange passe… une K7 vidéo de Midnight Express dans les mains …
Du coup, appliquant le dicton familial " on est jamais si bien servi que par soi-même ", c'est chez un quincaillier que je m'achète les outils nécessaires et grave moi-même ce numéro.... Fin!

7 - La Cappadoce (par Jérôme)

Cette région est sans doute une de celles que nous avons le plus adorée. Sur un périmètre restreint une quantité de merveilles à découvrir. Génie de la nature et génie humain.
La nature, tout d'abord, qui, usant du feu, de l'eau et du vent, a donné à cette région son caractère unique. Au Pliocène (il y a 3 millions d'années), les volcans rejettent cendres et tufs au cours d'éruptions pendant plusieurs milliers d'années. La région est noyée sous plusieurs centaines de mètres de dépôts. Les différences de températures lors des éruptions sont à l'origine des deux types de tufs qui recouvrent la Cappadoce. Les couches inférieures, composées de tuf friable et les couches supérieures, composées d'un tuf plus solide.
De l'action érosive de l'eau et du vent, combinée à cette différence de dureté entre les couches, résulte ces cheminées de fées et ces colonnes coiffées d'un chapeau pyramidal.
Le génie humain s'est exprimé dès le Ier siècle ap JC avec la construction de villes souterraines comme celle de Derinkuyu, véritable labyrinthe, qui sur 8 niveaux pouvait abriter 10 000 personnes avec un stock de vivres pour tenir un siège de 6 mois.
Nourriture, eau, évacuation des fumées de cuisines, couloirs d'aération, "portes cylindriques" pour bloquer les tunnels, animaux pour réchauffer la température... Lors de cette visite nous sommes subjugués par tant d'ingéniosité!
Génie humain également du VIIème au XIIIème siècle qui amène ces moines coptes à creuser dans les cheminées de fées des églises et des monastères. Sculptures et peintures murales sont encore là pour témoigner de la ferveur de ces hommes.
Enfin, impossible de ne pas parler de ces couchers de soleil qui embrasent chaque soir cette région : un régal !

8 - Ramadan (par Jérôme)

Nous en entendons parler depuis quelques jours et ce matin, Housta nous le rappelle avec la même voix qu'un étudiant la veille d'un examen! Anxieux d'y aller mais fier de prouver qu'il va réussir.
Avec la profession de foi, l'aumône légale, les prières journalières et le pèlerinage à la Mecque, le Ramadan fait partie des 5 piliers de l'Islam.
Pendant un cycle lunaire (28 jours), les musulmans ne peuvent ni manger, ni boire, ni fumer, ni avoir de relations avec leur partenaire et cela de l'aube au coucher du soleil. Ce jeûne est censé rappeler à chacun ce qu'endure les pauvres.
Nous constatons que même si le Ramadan n'est pas obligatoire, la pression sociale et familiale est souvent un facteur déterminant. Ainsi, dans les villages, rares sont les personnes qui ne respectent pas le jeûne, tandis que dans les villes c'est monnaie courante...
De même pour les enfants. Dans les écoles, les jeunes nous disent faire le Ramadan et cela depuis l'âge de 11 ans. Réalité ou vantardise devant les copains? Toujours est-il que nous ressentons dans leur voix la fierté de faire le Ramadan et ainsi d'être " des grands "! Nous avons néanmoins le plaisir de rencontrer des parents qui interdisent à leur enfants de suivre cette coutume trop jeune. En effet, jeûner pendant 12h et cela 28 jours d'affilé constitue une véritable épreuve.

Pendant leRamadan, les journées s'organisent comme suit:
- A 3h du matin, dans toutes les villes, des hommes, tambours en bandoulière, réveillent les familles pour la prière et le premier repas de la journée. Bien évidemment aucun respect pour " l'infidèle dormeur" que je suis. Inutile de vous dire que je n'ai pas porté " ces empêcheurs de dormir tranquille " dans mon cœur.
- La journée, les activités sont ralenties et les magasins ouvrent vers 9h - 10h. Devant les salons de thé, les Turcs accoudés aux tables vides, semblent " désemparés ". Bien que les marchés soient ouverts, il est très difficile de trouver un restaurant qui accepte de servir, surtout dans les petits villages.
- Vers 15h30 l'animation grandit, les stores se baissent, les gens courent dans la rue et il vaut mieux éviter de rouler à ce moment là.
- 16h10, les restaurants sont bondés. Les clients sont assis devant des assiettes pleines. Ils se regardent, organisent leurs couverts, coupent leur pain,…
- 16h15, "Allah O Akbar!". Le muezzin annonce la fin de la journée. C'est la ruée sur les assiettes. Le repas terminé et la première cigarette allumée, les discussions reprennent. Pendant ce temps les rues sont vides contrastant avec l'activité débordante qui y régnait. Plus de voiture, plus de bus, pas un chat,… Impression surréaliste que de se balader entre 15h30 et 16h30. Comme si une épidémie de peste avait été annoncée et que nous soyons les seuls non avertis
- Dans la soirée, tandis que certains commerces réouvrent, les voisins s'invitent à prendre le thé et à manger des fruits.
A la fin du Ramadan, c'est "l'Aïd el Fitr" la fête pendant 4 jours. Les enfants vont de maisons en maisons et remplissent leurs sacs de bonbons et friandises. Il est également coutumier de visiter sa famille. Dans chaque maison, c'est le même rituel. On entre, on nous conduits dans la seule pièce ayant un poêle à bois et on s'assoit par terre sur des tapis. Un peu d'eau de Cologne sur les mains puis c'est l'assiette de loukoums ou bonbons et un thé ou un café. Là, on discute de tout. Politique, famille, enfants,… La rencontre n'excède pas 30 minutes car il y a du monde à visiter !
Pour nous à Sultanhani, avec Rasim, ce sera l'occasion de voir l'intérieur de ces maisons en adobe aux pièces décorées de tapis et de découvrir la vie de ces gens que nous voyons trop souvent de l'extérieur.
Du Ramadan nous retenons ces hommes décontenancés dans les salons de thé, ces ambiances de villes fantômes au coucher du soleil, ces " tatlis " (beignets imprégnés de miel) qui excite nos narines dans les rues et surtout cette phrase : "Le Ramadan c'est pour les riches. Car eux, quand le soleil se couche, ont les moyens de bien remplir leur assiette, tandis que les pauvres…".

9 - Anecdotes sur le Ramadan (par Jérôme)

- Vu à la TV: Cette année, 3 jours après le début du Ramadan a lieu la fête nationale turque. Sur l'estrade officielle un homme appelle un serveur. Tandis que ce dernier repart, des "amis bienveillants" rappelle à notre politicien que c'est le Ramadan. Et lorsque le serveur revient une tasse de thé à la main, notre politicien la refuse. Ne pas faire le Ramadan ce n'est pas politiquement correct!


- Pendant le Ramadan, ne pas manger de 4h à 16h c'est dur. Mais lorsque, comme Rasim et sa famille, on n'entend ni le tambour ni le réveil et qu'on loupe le petit déjeuner...la journée est longue et les crampes d'estomac plus fortes!


- En Turquie les gens sont serviables et toujours prêts à rendre service. Sauf quand un " scoot emmerdeur " arrive à 15h45 chez un garagiste pour faire changer sa roue. " Désolé, je pars manger "! En moi-même je pense : " Est ce la même chose aux urgences des hôpitaux? ".


- Les hommes frappent leur tambour. L'occasion de gagner quelques sous à la fin du Ramadan en faisant le tour des maisons réveillées. Mais dans les grandes villes comme Istanbul, de petits malins passent avant nos " réveil musulmans " et récoltent les dons. Du coup, maintenant, nos tambourins doivent afficher leurs photos sous peine de se faire souffler leur recette!

10 - Si j'avais su qu'on me demanderait de jouer les entremetteuses!! (Par Sophie)

Eh ! bien oui, en Turquie, plusieurs fois les hommes m'ont demandé si je n'avais pas une amie qui voudrait épouser un Turc !
Que ce soit Ahmet qui rêve d'une jeune Française pour épouser son fils, Rasim ou Ramazan d'une quarantaine d'années, qui vont régulièrement en France, espérant refaire leur vie avec une nouvelle âme sœur, Française cette fois ci...
Ou encore Mehmet, Ali ou Tatih, âgés de 25 ans, déjà divorcés suite aux mariages arrangés par leurs parents et qui viennent travailler à Antalya pour séduire les touristes françaises et espèrent ainsi conquérir le cœur de l'une d'elle...
Leur rêve à tous : vivre 6 mois en France et 6 mois en Turquie avec un Française car nous avons, soi-disant, la réputation d'être à la fois des femmes libérées, élégantes et
cordons bleus !

11 - Papilles, Papilles, (par Sophie)

Nous avons eu la chance pendant notre séjour en Turquie d'être invités dans des familles et aussi de découvrir la cuisine familiale excellente et saine. Je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager mes découvertes.
Au petit-déjeuner, crudités, concombres et tomates accompagnent le pain, le fromage frais de brebis et les olives.
Le thé bien sûr se boit du matin au soir dans des petits verres et il est très sucré.
A midi, sur le pouce, ce sont plutôt des " pides ", sorte de pizzas légères, ou des " doner kebab ", lamelles de viande servies avec des tomates, des piments et des oignons, le tout enroulé dans un pain plat ! Et pour se déshydrater un verre " d'ayran " bien frais, yaourt liquide légèrement salé, fait l'affaire.
Enfin pour le dîner est servi le repas principal.
En entrée, une soupe de lentilles rouges dans lequel on presse un citron au moment de la déguster. Ensuite vient le plat principal qui est toujours accompagné d'une salade, de radis, de carottes et de choux rouges râpés, ainsi que d'un " cacik ", yaourt aux concombres et au cumin. Nous avons savouré plusieurs plats principaux notamment le " gurec ", plat traditionnel de Cappadoce, une sorte de ragoût avec les légumes d'une ratatouille et des petits morceaux de moutons mijotés plusieurs heures dans un plat en terre cuite.
Egalement délicieux, les " koftes ", boulettes de viande épicées faites avec de la mie de pain et servies avec des légumes ; ou encore le " borek ", feuilleté aux épinards et au fromage sur lequel on rajoute au dernier moment du yaourt brassé.
Tous ces plats sont souvent accompagnés de " boulgour ", sorte de semoule de blé.
En fin de repas et en hiver est proposée une crème composée de " tahine ", pâte faite à base d'huile de sésame, mélangée à du " pekmez ", un jus de raisin concentré. Cette crème s'étale sur du pain et se mange donc en dessert. Faite au dernier moment, elle ne se conserve pas mais vu sa forte valeur calorique permet d'affronter les rudes hivers de la Turquie !
Environ une heure après le dîner est servi le thé, nous en buvons 5 à 6 verres d'affilé, très sucré et accompagné, tout d'abord de graines de courge ou de tournesol, de pistaches, de noix... puis de fruits de saison en l'occurrence pommes, oranges, clémentines et carottes !
Pendant le Ramadan, le soir, les familles mangent également de délicieux beignets au miel " tatli " et des " batlavas ", petits gâteaux au miel et pistaches.

Merci à Gulek, Fathma et Sylvie pour nous avoir fait découvrir ces saveurs culinaires : On s'est vraiment régalés !

12 - Anecdotes turques (par Jérôme)

- En Turquie, beaucoup d'enfants se baladent dans la rue, une balance sous le bras. L'occasion de gagner quelques sous pour ces gosses en guenilles. Ce soir, je vois l'un d'eux avec une balance professionnelle. Drôle d'idée que celle qui me traverse l'esprit " la journée cette balance sert à peser la viande ; le soir, sur le trottoir, c'est la même chose !"

- Dans un hôtel avec salle de bain commune, Ti-Bout part se laver les dents. Je la rejoins et découvre un spectacle hilarant. Un Kurde, en train de se laver les pieds dans le lavabo, sous les yeux ahuris de sa globe-reporter de voisine ! Autres cultures, autres manières !

- En Turquie, le thé coûte 250 000LT. En Turquie les WC publics coûtent 250 000LT. Les Turcs vous offrent souvent le thé. Ils sont sympas les Turcs. Mais quand on connaît les effets diurétiques du thé on ne peut s'empêcher de penser : ils sont malins les Turcs. Ils vous offrent d'un côté ce qu'ils récupèrent de l'autre!

13 - Un brin de culture G

Nashreddin Hodja est un célèbre conteur, philosophe, humoriste et moraliste du 13ème siècle, bien connu des grands et des petits en Turquie.
Ses anecdotes sont spirituelles, intensionnelles et laissent à la réflexion. Tout en amusant elles font réfléchir et en réfléchissant elles amusent.


Nashreddin Hodja

- " Nashreddin, pourquoi montez-vous votre âne à l'envers ? "
- " Si je le monte à l'endroit, vous serez derrière moi, et si vous passez devant je resterais derrière. Donc la meilleure solution est de le monter de cette manière ! "

 

14 - La Turquie en chiffres

Nombre de jours : 82
Nombres de Km en Scooters : 4000
Nombre de km en camping-car : 1000
Nombre de km en Bus : 2500

Taux de change : 1 euro = 1 750 000 Lires Turques

Prix d'1 litre d'essence : 1 760 000 LT
Prix d'1 bouteille d'eau : 700 000 LT
Prix d'1 heure Internet : 1 500 000 LT
Prix d'1 doner kebab : 1 500 000 LT
Prix d'1 Menu Big Mac : 6 500 000 LT


 

Les photos !!